Lors de l’annonce de la
construction d’un nouveau pont pour remplacer le pont Champlain, j’ai entendu
le bleuet ministre des transports fédéral Denis Lebel dire sans rire que dans
un contexte budgétaire serré il fallait un pont non seulement construit en PPP,
mais un pont à péage. C’est bien connu, l’état n’a plus d’argent. Et le bouffon
maire de Montréal Gérald Tremblay de renchérir que l’abandon du péage dans les
années 80 avait été une erreur et serait la cause de la détérioration de nos
infrastructures routières.
Ces deux savants experts en finances publiques ont
cependant omis de mentionner qu’une des causes majeures de l’état pitoyable des
finances publiques est la défiscalisation des entreprises. Brigitte Alepin dans
son livre intitulé « La crise fiscale qui vient » mentionne que « Au Canada,
les taux d’imposition des sociétés ont chuté de 50% depuis 2000 (de 29.9% en
2000 à un taux de 15% prévu pour 2012). C’est la plus importante réduction
d’impôt de l’histoire du Canada et la plus importante de tous les pays de
l’OCDE. » Et ces taux sont les taux théoriques car après tous les crédits
d’impôts, les déductions fiscales et les généreuse subventions, le taux réel
d’impôt est beaucoup plus bas.
Ils ont également omis de parler du traitement fiscal
privilégié accordé aux détenteurs de capitaux en n’imposant que de 50% les
gains en capitaux, alors que le travailleur lui voit 100% de ses revenus
assujettis à l’impôt.
Serait-ce à cause de leur incompétence ou encore pire
de leur ignorance, qu’ils ont aussi omis de mentionner les sommes colossales
détournées dans les paradis fiscaux. Selon cet extrait du livre de Brigitte
Alepin, « Le 5 janvier 2010, Jean-Pierre Blackburn, ministre du Revenu au
Canada a déclaré que les canadiens ont inverti dans les paradis fiscaux des
sommes totalisant 146 milliards de dollars CAN en 2009…. ». À un taux d’impôt
de seulement 10%, ce serait 14,6 milliards de dollars de moins dans les coffres
de l’état. Assez pour construire 5 ponts Champlain.
Finalement, nos deux zouaves ont omis de mentionner que
le Canada s’est toujours opposé à la taxe sur les transactions financières qui
permettrait non seulement de modérer les risques sur les transactions
spéculatives et du coup minimiser les risques d’une crise financière, mais
aussi de permettre aux états de récupérer des milliards de dollars.
Plutôt que d’avoir le courage de s’en prendre aux plus
riches de notre société, la seule solution qu’ont trouvés nos deux matamores,
c’est d’imposer un péage au travailleur de la classe moyenne qui doit prendre
le pont tous les jours pour aller travailler. Le pire c’est que l’honorable
maire Tremblay nous dit qu’il faut cependant être équitable et donc de mettre
des péages sur tous les ponts. Avec des raisonnements pareils, pas étonnant
que, toujours selon le livre de madame Alepin, « Entre 1975 et 2007, le fardeau
fiscal des personnes physiques (des pays de l’OCDE) est passé de 18 milliards
de dollars à 195 milliards »
Si on continue dans cette voie, on s’en va directement
vers ce que nos politiciens appliquent à toutes les sauces, c’est-à-dire le
principe de l’utilisateur-payeur mais non seulement pour les ponts et les
routes, mais pour l’ensemble des missions de l’état que sont l’assistance
sociale, la santé, l’éducation et l’assistance aux personnes âgées. Est-ce
vraiment la société que nous voulons?
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