samedi 30 janvier 2010

Hausse des impôts des particuliers: pas très brillant comme stratégie

J'ai envoyé cette lettre à un des syndicats qui représentent les employés du gouvernement du Québec en réaction à une conférence de presse dans laquelle un des dirigeants suggérait au gouvernement de hausser les impôts des particuliers pour aller chercher l'argent qui lui manque.


Ça fait plusieurs années que je déplore le manque d’innovation des syndicats de la fonction publique québécoise lorsque vient le temps de négocier avec le gouvernement. Mais cette semaine, le coup des augmentations d’impôts des particuliers pour aller chercher les revenus dont aurait besoin le gouvernement pour payer les augmentations demandées, relève carrément de l’imbécillité.

Quant on sait que l’opinion publique est le nerf de la guerre pour faire bouger le gouvernement, on se demande qui peut bien avoir conseillé ce discours à nos dirigeants syndicaux. Je me demande même si les centrales syndicales ont des services de relations publiques. Ou si non, font-elles appel à des firmes spécialisées. Dans le cas contraire, comment voulez-vous rivaliser avec le gouvernement. Comment voulons-nous gagner la bataille médiatique, qui plus que tous les moyens de pression classiques (grèves du zèle, débrayages sporadiques, grèves illimitées) peut faire fléchir la partie adverse.

Pour gagner la guerre médiatique, tous les moyens sont bons. En ces temps d’odeur de corruption au sein du gouvernement, n’aurait-il pas été plus brillant de dire que le gouvernement ferait mieux d’aller chercher de l’argent là plutôt que de s’en prendre aux employés du gouvernement.

De manière plus générale, pourquoi ne pas utiliser une partie de l’argent des cotisations syndicales (comme par exemple le fonds de grève) pour concevoir une campagne publicitaire basée sur l’inaction du gouvernement face au détournement des milliards de dollars de l’impôt par certains individus et certaines entreprises. Pourquoi ne pas engager des spécialistes en économie, je pense particulièrement à Léopold Lauzon, qui pourraient chiffrer ces détournements ainsi que les mécanismes qui les permettent. De cette manière, la démonstration serait faite que les grands responsables de la situation déficitaire des finances publiques sont ces fraudeurs sans scrupules dont le gouvernement est complice de par son inaction et son manque de courage. La démonstration pourrait également être faite que si le gouvernement agissait, même modérément, sur ces plus riches, il récupérerait suffisamment d’argent en impôt, non seulement pour payer le petit 11 % demandé, mais aussi pour investir en santé, en éducation et dans les infrastructures.

En tant que membre du SPGQ je serait prêt à contribuer monétairement pour financer une telle campagne car je crois que de nos jours, seule l’action médiatique peut avoir un réel impact sur le gouvernement. Il ne s’agit pas seulement que nos dirigeants syndicaux disent lors que trop rares et trop courtes apparitions à la télévision que nos demandes de 11 % sont raisonnables. Non, il faut frapper là où ça fait mal, et ensuite il faut marteler le message.

Mais de la manière dont les négociations sont parties, je crains que ce soit encore le gouvernement qui nous impose nos conditions et qu’aux yeux de la population il ait maté ces fonctionnaires qui sont déjà trop gâtés. Le gouvernement aura ainsi gagné deux guerres ; la guerre des négociations et la guerre de l’image.

En terminant, j’exhorte nos dirigeants syndicaux d’utiliser de façon plus productive l’argent des cotisations syndicales. J’ai la ferme convictions que malgré l’inégalité des moyens, et grâce au dévouement des dirigeants et des militants syndicaux, nous pouvons rivaliser avec le gouvernement mais ce à condition de se battre avec les mêmes armes que lui.

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